LA PEINE DE MORT EN FRANCE
Il y a plus d'un siècle, la mise à mort était un divertissement : le but était d'offrir en spectacle la souffrance du condamné. Le problème de Justice ne se posait pas : une faute ne pouvait qu'être punie par la mort. La populace se rassemblait alors en masse pour assister aux diverses tortures : on pourra citer en exemple l'écartèlement ou encore le bûcher, méthodes particulièrement cruelles, dont les foules raffolaient. Les paysans qui assistaient à ces supplices n'avaient bien souvent ni culture ni sens de l'humanité. Ils avaient été éduqués dans la barbarie, et les méthodes pour mettre à mort les criminels étaient le reflet de ce siècle : barbare, sauvage, sans aucun respect pour la vie humaine.
Pendant la Révolution française, de nombreuses têtes sont tombées, le plus souvent à cause de jugements arbitraires et subjectifs. Cela constitue une des raisons pour lesquelles l’abolition de cette peine, dont on reconnaissait déjà les abus, paraissait devenir urgente. La guillotine devint en 1789 le principal mode d'exécution. Le docteur Joseph Guillotin proposa que tous les criminels soient exécutés de la même manière et que leur souffrance soit réduite au minimum. La décapitation était, en ce temps là, la moins douloureuse et la plus humaine des exécutions. La première exécution avec guillotine se déroula en 1792. Ce mode d’exécution fut largement utilisé, notamment pendant la révolution française, où les exécutions avaient lieu en public devant le château de Versailles. Cette « machine à tuer » n’a plus été utilisée depuis 1977.
Le XIX° siècle oscille entre le respect d’une tradition ancestrale, et l’entrée dans un monde nouveau. Suite à la révolution française et au siècle des lumières, de plus en plus de petits et de grands hommes se lèvent et crient leur aversion pour la peine maximum. Le mouvement pour l’abolition se précise, on pourra citer en exemple Victor Hugo ( Le Dernier Jour d'un condamné ). Les abolitionnistes, à cette époque, ne se rencontrent plus seulement dans les milieux littéraires : savants et publicistes se penchent aussi sur la question.
Chez les partisans du maintien, on trouve à la fois l'idée de la nécessité de conserver une pratique ancienne et la crainte d'un changement dont on ne peut connaître les incidences. Ils invoquent la règle de la compensation (c'est-à-dire la peine proportionnée à la gravité du crime), la défense de l'ordre social (c'est-à-dire pour ceux qui ont la charge de l'ordre, le droit et le devoir d'utiliser le châtiment suprême contre les criminels qui n'ont aucun respect de la vie humaine), les dangers de la suppression de la peine capitale pour la société.
Il faut observer que la médecine de l'époque se range au service de la peine de mort. Gall s'intéresse aux crânes des criminels exécutés. D'où la théorie du «criminel-né», sorte de raté de la civilisation, incurable et irresponsable, qu'il faut supprimer. A cette époque, la médecine n'était pas très évoluée : les médecins se servaient souvent du « châtiment divin » pour expliquer les maladies.
Même si le Moyen Age est loin, les exécutions étaient un spectacle spécialement jouissif pour le plus grand nombre. Aux yeux du peuple, une exécution n’avait pas pour but premier de faire régner la justice mais bien de distraire, semblables en cela aux jeux de Rome et aux sacrifices dans les arènes.
Le XX° siècle est le siècle du progrès technique, mais aussi du progrès de l’homme. C’est d’ailleurs au XX° siècle qu’est née la notion de « crime contre l’humanité » . L’homme ne veut plus laisser ses instincts destructeurs primer sur sa sécurité.
La question de l’abolition de la peine de mort s’est donc posée une nouvelle fois au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le souvenir encore frais des massacres commis pendant et après la guerre ajoutait une culpabilité qu’il fallait étouffer ou racheter le mieux possible.
Nous remarquons une diminution très nette du nombre de condamnations prononcées et exécutées en seulement dix-neuf années
Années |
Condamnations prononcées |
Condamnations exécutées |
1946 |
78 |
33 |
1947 |
69 |
31 |
1948 |
59 |
21 |
1949 |
64 |
24 |
1950 |
50 |
12 |
1951 |
26 |
16 |
1952 |
17 |
7 |
1953 |
8 |
2 |
1954 |
8 |
0 |
1955 |
5 |
1 |
L'ancien code pénal
Article 12 - Tout condamné à mort aura la tête tranchée.
Nous pouvons constater une certaine évolution des mentalités grâce à des sondages : en 1907, 77% des opinions sont favorables à la peine de mort. Dans les années 1970, la gauche était majoritairement abolitionniste, mais l’opinion publique était toujours majoritairement favorable à la peine de mort. Cependant, la pression internationale et celles des autorités religieuses, toutes confessions confondues déboucha sur une remise en cause de ce système ancestral. Le 9 octobre 1881, la France devient le 36° État à abolir la peine de mort.
Le pays dans lequel fut inventé la guillotine (dans le but « d’humaniser » les exécutions) venait de faire un pas vers une réelle « humanisation » . Deux siècles de débats ont été nécessaires pour que l’homme comprenne enfin qu’il n’a pas le droit de maquiller un meurtre en « exercice de la justice » . Malgré tout, cette décision fut accueilli par plus de lettres d'insultes et de menaces de mort que de courriers de félicitations.
LA PEINE DE MORT AUX ETATS-UNIS
La peine de mort est un des sujets de controverse entre les États-Unis, où la population est en majorité favorable à la peine de mort, et certains pays ayant aboli la peine de mort, notamment en Europe occidentale.
Abolition |
Moratoire |
Non-abolitionnistes, sans exécution depuis 10 ans |
Non-abolitionnistes, autres |
Il y a plusieurs méthodes utilisées aux États-Unis :
Les USA ne sont malheureusement pas le seul pays qui exécute ses propres citoyens. Pourquoi alors cette focalisation sur les États-Unis plutôt que sur des pays comme l'Arabie Saoudite, le Japon... qui pratiquent également la peine de mort ? Sans doute car il est plus inacceptable de voir de telles pratiques dans un pays « ami », doté de fortes institutions démocratiques.
Pourquoi cette sentence de mort ?
Le but de la peine de mort est d’éliminer le risque, celui qui est un danger pour les autres, dans le but de donner aux peuples la possibilité de vivre en paix et en sécurité.
L’exécution de celui qui en a tué un autre est censé si ce n’est consoler, venger la victime et sa famille. C’est l’application de la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent, vie pour vie » . C’est une vengeance officielle et légitimée, si bien qu’elle ne porte plus officiellement ce qualificatif péjoratif de « vengeance » . Les États-Unis sont un pays très religieux. Malgré le mélange des diverses ethnies et cultures, la religion reste très ancrée dans le coeur des américains. Elle est de plus diffusée dans la vie de tous les jours grâce aux médias, et exerce une influence considérable. Le fait que l' Église reconnaisse la peine de mort comme légitime explique donc le fait que la majorité des américains soient favorables à la peine de mort.
S’il n’y a plus la peine de mort, par quel châtiment celle-ci peut-il être remplacée ? La prison à perpétuité ? Là encore, les polémiques sont nombreuses. Une existence entière passée derrière des barreaux, sans aucun espoir de mener une vie digne de ce nom, n’est-elle pas pire, voire même plus hypocrite, qu’une sentence de mort ? Encore faut-il que la perpétuité existe, mais cette « perpétuité» n'est pas réelle. Selon les pays, le nombre d'années maximal varie. Ainsi, un criminel psychopathe français condamné à l’âge de 20 ans pourra être libéré à 50 ans, la prison à perpétuité ne pouvant pas excéder 30 ans.
Les partisans de la peine de mort
Les partisans peuvent se justifier grâce à divers arguments :
la peine capitale est un moyen économique de se débarrasser de criminels dangereux, dont le maintien en détention est coûteux (nourriture, logement, frais des conditions de détention) et risqué (ils ne craignent rien à tenter de s'évader ou à commettre d'autres meurtres sur des co-détenus ou les gardiens).
Les abolitionnistes
Les arguments des abolitionnistes sont :
La mort ne permet aucun retour en arrière, une éventuelle erreur judiciaire ou une injustice dans son application serait donc totalement irréparable - alors qu'une personne emprisonnée à tort peut toujours être sortie de prison et indemnisée. On peut citer le fait qu'aux États-Unis, les condamnations à mort semblent en partie dépendre des disparités raciales et sociales des individus : un noir pauvre accusé de meurtre risquerait davantage la mort qu'un blanc éventuellement plus riche.
Certains crimes sont commis dans un état passionnel, où l´assassin est incapable de tout raisonnement logique, pensant que la mort de sa victime est plus importante que sa propre mort. Le côté rationnel dissuasif de la loi serait inefficace dans ce cas-là.
L´abolition de peine de mort n´a pas d´effet sur la criminalité .
Utiliser la mort pour punir un meurtrier reviendrait à "se rabaisser à son niveau" et ne serait pas compatible avec les valeurs humaines.
Le jugement peut être altéré par des éléments périphériques et contextuels, comme la prestation de l´accusé lors des audiences, son apparence, l´éventuel racisme du juge ou des jurés, la position sociale de l´accusé, la qualité de son avocat... Un jugement devenu injuste à cause d´un ou de plusieurs des éléments cités précédemment aboutissant à la mort de l´accusé est inacceptable.
Selon Amnesty USA, la peine de mort serait plus coûteuse que la perpétuité. Aux USA la peine capitale coûte en moyenne 1.26M $ contre 740 000 $ pour une condamnation à perpétuité.
Plusieurs organisations américaines réclament l'abolition de la peine de mort : Coalition nationale contre la peine de mort (NCADP), Amnesty International, etc. Les abolitionnistes américains se différencient des européens par la méthode employée pour abolir la peine de mort. Alors qu'en Europe, c'est principalement pour des raisons d'ordre moral que l'abolition a été réalisée, aux États-Unis, ils s'attaquent aux défaillances du système judiciaire. C'est ainsi que les associations pour l'abolition enquêtent sur les condamnés susceptibles d'être innocents ou les inégalités des jugements rendus.
La raison qui les poussent à agir de cette façon est principalement due à l'histoire culturelle (mythe du Far West ) et à la popularité des mesures répressives exemplaires contre la criminalité aux États-Unis. Ces mesures répressives s'expliquent par le taux de criminalité élevé des États-Unis notamment par armes à feu (qui sont en vente libre). Ce taux est dix fois supérieur à celui de la France.
L'évolution en faveur de la peine de mort ou de son abolition est en dent de scie depuis les années 1960. Une seule fois, en 1965, une petite majorité d'américains se déclaraient hostiles à la peine de mort. Selon les sondages, suivis année par année, le pourcentage de ses partisans a atteint 80% au début des années 1990 pour revenir à une moyenne de 66% en 2005, c'est à dire à son niveau du début des années 1980. En fait, c'est le nombre d'indécis qui varie le plus car le pourcentage d'abolitionniste se maintient toujours autour de 20-25% en moyenne. Il est important d'ajouter que les sondages concernant la peine de mort peuvent varier énormément suivant le contexte (y a t-il eu une série ou un crime violent et qui a choquée l'opinion publique ?). Suivant ce point, le résultat peut varier dans un sens ou dans l'autre, même si aucun des sondages récents n'a trouvé une majorité d'américains en faveur de l'abolition pure et simple de la peine de mort.